
©Eddy Mottaz
Début 2022, Le Temps - quotidien national suisse de référence en langue français - commande à Arthena une série de reportages à paraître tout au long de l’année dans son magazine T. L’ambition de cette collaboration éditoriale? Mettre en lumière des artisans et des métiers d’art méconnus. Interview de Rinny Gremaud, rédactrice en chef de cette publication mêlant habilement culture et lifestyle, pour comprendre l'importance d'ouvrir les colonnes de la presse nationale à une thématique injustement méconnue.
Pourquoi avoir ouvert les portes du T à cette thématique des artisans et métiers d’art, assez peu visible dans les médias suisses?
Les sujets liés à la matérialité du monde nous concernent tous, d’autant plus aujourd’hui d’ailleurs que le numérique et le virtuel prennent une place prépondérante dans nos vies. À la dématérialisation de notre environnement correspond un besoin de revenir à ce que nos sens peuvent appréhender concrètement. La thématique des artisans et métiers d’art répond ainsi à une quête d’équilibre entre une dématérialisation devenue incontournable et la nécessité ressentie par beaucoup d’un ancrage tangible au réel.
Est-ce un phénomène qui touche toutes les générations?
Sans faire de généralité, on remarque - et cela pourrait sembler paradoxal - que la jeunesse s’intéresse beaucoup à la matérialité du monde. Les générations nées avec Internet et le numérique ont largement exploré leur environnement au travers des écrans. Elles s’avèrent ainsi - par effet de réaction, sans doute - d’autant plus curieuses et sensibles à la question de la fabrication des objets. Sans même parler de l’impact écologique, point évidemment central à leurs yeux, qui en découle. Dans ce contexte, les métiers d’art constituent une échappatoire rêvée à la virtualité dans laquelle nous sommes désormais tous contraints d’évoluer.
En quoi est-ce important pour le magazine T de présenter des artisans d’art locaux?
Le Temps poursuit bien sûr des ambitions internationales, mais nous ne serions pas fidèles à notre mission si nous n’étions pas attentifs à ce qui se passe au plan national et régional. Il est ainsi de notre devoir d’apporter un éclairage sur des thématiques suisses romandes à la fois dignes d’intérêt et pourtant injustement méconnues. Certains métiers d’art, malgré l’excellence des savoir-faire mis en oeuvre, restent-ils trop confidentiels? N’hésitons pas, ouvrons-leur nos pages!
C’est d’autant plus essentiel que bien des artisans ne trouvent pas de successeurs, alors même que de nombreux jeunes cherchent quant à eux une voie professionnelle pour leur avenir.
En poursuivant sa mission d’information, Le Temps et son magazine T créent des liens entre les gens. On joue donc pleinement notre rôle de passeur en montrant que les artisans d’art existent, que leurs métiers ont du sens et de l’avenir, et que leur production s’inscrit dans une recherche d’excellence qui mérite l’intérêt et le respect de tous.
Quelle expertise avez-vous recherché en collaborant avec Arthena?
L’association, par sa connaissance fine de la thématique et son réseau, déniche des artisans d’art méconnus et produit des contenus qualitatifs auxquels nous offrons, en retour, une visibilité importante. La relation avec Arthena s’avère ainsi mutuellement enrichissante. Nos lecteurs découvrent des sujets originaux, traités avec soin, et les artisans d’art bénéficient d’une exposition médiatique à laquelle seules les entreprises d’une certaine taille peuvent généralement prétendre. Cette collaboration avec Arthena, bénéficiant à toutes les parties concernées, constitue un bel exemple de synergies « gagnant-gagnant », et je m’en réjouis.
Le magazine T en deux chiffres
- 93’000: le nombre de lecteurs
- 20: sa fréquence annuelle de parution (encarté dans l’édition du samedi)